La Tribune de l’Assurance : Interview A. COHEN
- On 16 juin 2016
La Tribune de l’Assurance – 16 JUIN 2016 – Interview Arnaud COHEN, Associé chez FORSIDES France
« L’environnement de taux bas est le sujet central du Congrès des actuaires 2016 »
A l’occasion du 15e Congrès des actuaires organisé vendredi 17 juin à Paris où 600 personnes sont attendues, rencontre avec Arnaud Cohen autour des enjeux actuels de la profession.
Quel sera cette année le fil rouge du 15e Congrès des actuaires ?
La 15e édition de notre congrès, qui a lieu à l’Hôtel Marriott Rive Gauche à Paris, a pour thème « Nouvel environnement économique : comment gérer les risques assurantiels dans la durée ? » Dans la matinée, douze ateliers sur des problématiques diverses auxquelles doit faire face notre métier sont organisés. L’après-midi, nous aurons l’honneur d’écouter les allocutions de Nicolas Moreau, PDG d’Axa France, et Denis Kessler, PDG du groupe Scor. Trois tables rondes sont également prévues sur l’évolution de l’offre en assurance vie dans le nouveau contexte économique, les perspectives d’évolution de l’ensemble du marché de l’assurance en France, ainsi qu’une confrontation avec d’autres pays en Europe et dans le monde.
Selon vous, quels sont les enjeux auxquels doit répondre la profession ?
Tout d’abord, l’environnement de taux bas – sujet central de notre congrès – peut remettre en question le modèle économique de l’assurance vie et conduire à faire évoluer les produits pour créer une meilleure convergence d’intérêt entre les assureurs et les assurés. Nous avons créé un groupe de travail spécifique afin de réfléchir aux différents scénarios possibles et aux réponses à apporter, mais aussi pour confronter nos points de vue avec les pouvoirs publics et les autres organisations professionnelles et accompagner les changements nécessaires pour les affaires nouvelles et le cas échéant sur les encours.
Par ailleurs, l’actuaire est un acteur privilégié pour participer aux nouvelles évolutions réglementaires et prudentielles liées à Solvabilité II et aux normes IFRS.
Enfin, le troisième défi majeur provient des nouvelles technologies – thème du congrès 2015 – avec lesquelles les actuaires ont un rôle spécifique à jouer. En effet, l’accès à un volume de données plus important (géolocalisation, open data) permet une meilleure évaluation des risques, mais dans le même temps ces nouvelles technologies créent de nouveaux risques : cyber-risques, risques attachés aux voitures autonomes. Ces éléments sont de nature à faire évoluer les garanties et la tarification de nombreux contrats d’assurance notamment par l’exploitation du big data et de la data science.
Justement, quelle est la prise en compte du big data par les actuaires ?
Les data sciences ont des conséquences sur la gestion des risques, et il est important pour l’actuaire d’appréhender ces compétences. La statistique et les compétences mathématiques nécessaires à l’exercice des data sciences sont enseignées dans la plupart des formations d’actuaire. Toutefois, il est souvent nécessaire d’acquérir des compétences complémentaires notamment au niveau informatique pour que l’actuaire puisse exercer pleinement son rôle dans ce nouvel environnement. Nous avons donc lancé l’an dernier un label de formation « Actuaires data scientist » au sein de l’Institut des actuaires. Ce cursus de spécialité, dont sortent chaque année vingt diplômés, est aujourd’hui essentiel pour concilier évaluation des risques et data sciences.
Par ailleurs, un groupe de travail « big data » réunit 200 actuaires répartis en près de vingt sous-groupes. La mobilisation des actuaires sur cette thématique est donc extrêmement forte. Le dernier sous-groupe qui vient d’être créé concerne la blockchain.